Errance 2024
Errance 2024
La ville se lève
et moi je reste assis
j’la contemple comme elle crève
dans les odeurs de ses dénis
j’m’accroche à ce bout d trottoir
comme au derniers des empires
passe et glace le vent
vers des temps pires
la grande vague venue de loin a tout pris
tout balayé sur son chemin
toutes les âmes bien pensantes
sont parties et se terrent dans des trous
la ville se lève et moi je reste assis
j’la contemple comme elle crève
dans les langueurs de ses envies
tant de passés d’infortune finalement
qui font aujourd’hui les survivants
fallait être déjà amoché
pour supporter le tournant
fallait déjà être
un as de la débrouillardise
pour continuer à aimer la vie,
lui faire « cheese »
faire que pourquoi pas
tout redémarre a zéro
ironie du sort avec ceux qu’hier
t’ appelait « clodos »
la ville se lève
et moi je reste assis
j’contemple la neige qui s’installe
et la glace qui fige vos vies
le vent s’engouffre
dans vos avenues devenues désertiques
toutes les enseignes pillées s’étalent
sur le pavé en vomi d’boutique
on en rit encore
a la faveur des soirs d’été
quand on repense au pugilat
pour des écrans plats télévisés
alors qu’il n’y avait déjà plus d’électricité
c’était mordant d’te voir
repartir en poussant la dernière Ferrari
de chez le concessionnaire
alors qu’il n’y aurait plus d’pétrole avant la fin de l’hiver
la ville se lève et moi je reste assis
instinct d’survis pour unique sève
ne pas être un de plus qui s’enfuie
tout est calme
et seul le bruit du vent
ne veux pas me donner raison
tout est calme car de Massalia à Paname
On a tué même les pigeons
Les sirènes se sont tue
Depuis longtemps
Elle avait du gueuler trop fort
et comme toujours pas a temps
j’retourne a mon building
après cette errance matinale
un immeuble bourgeois jadis
pas sur le bord d’un canal
dans la loge du concierge,
quand je suis arrivé la première fois
il y avait un vieux poêle à bois
qui murmurait encore quelques braises
et qui n’attendais que quelqu’un qui a froid
et ce fut moi
sur le bureau étalées
quelques factures
et beaucoup de publicités
une vie entière tout net laissé en plan
peut être pas finie,
mais est elle mieux maintenant ?
la ville se lève et moi je reste assis
j’la contemple dans ces heures brèves
où je la croise à nouveau en vie
dans cette loge de concierge
où j’m’éclaire à la bougie
mais pas encore au cierge
je m’extirpe des relans d’envie
sur le nouveau bras de mer et ces berges
des fois les soirs d’été
quand la température est acceptable
on retrouve nous les indigents
les sans buts ;en un de vos bas mots :
les pendables
ceux qui ne croyait qu’au néant
avant même qu’il arrive
on s’tape des barres sur des brèves
de Bangkok à Brive
au fond ne reste que les braves
qui une fois l’an s’enivrent
les autres, paraît ils s’entassent
dans des chalets sans place
où l’herbe verte est devenue grise
parce qu’ils ont emmené
l’instinct de pollution dans leur valises
la ville se couche
et moi je reste assis
j’attends qu’elle se relève
et qu’elle se remette à briller la nuit
a vrai dire depuis l’temps
qu’j’attends j’aurai du m’lasser
a vrai dire j’en ai vu tant,
sans leur jeter la pierre; renoncer.